Un X ici, un R là, un GS ailleurs. Mais qu’est-ce que cette salade de lettre est censée signifier ? Le nom de modèle des sept grands fabricants ne semble pas toujours concluant.
Impossible de nier : aujourd’hui, la plupart des motos arborent des codes qui ressemblent davantage à des formules qu’à de véritables noms. Les abréviations énigmatiques se sont imposées, au point de brouiller les pistes pour les amateurs comme pour les néophytes. Décortiquons ces sigles qui font désormais partie intégrante de l’identité des deux-roues.
BMW
Chez BMW, les choses semblent plus limpides que chez d’autres. Pendant des décennies, la lettre R a désigné tout simplement les motos. Jusqu’au début des années 1980, chaque modèle portait ce fameux R, symbole universel de la marque. Puis, les premières K sont arrivées : des machines à quatre cylindres, surnommées « briques volantes ». À partir de là, le R est resté réservé aux modèles équipés du fameux moteur boxer. D’où les R 1200 GS, R90 S et consorts.
Pour comprendre le reste, il suffit de décoder les lettres qui suivent. Un GS ? C’est l’assurance d’une moto prête à affronter route et chemins. Le RT cible les amateurs de balades au long cours, « tours » pour le tourisme. Encore plus orientée confort, la LT se veut une routière de luxe. Si un S figure à la fin, préparez-vous à une version sportive. Les monocylindres, eux, prennent la lettre F, clin d’œil au modèle Funduro. La gamme la plus récente, la série G, regroupe les motos tout-terrain, G signifiant ici « Gelände » ou « off-road ».
Harley-Davidson
Impossible d’évoquer les codes sans parler d’Harley-Davidson, championne des abréviations complexes. Fondée par William S. Harley et Arthur Davidson, la marque cultive le mystère avec des sigles à rallonge. Prenez VRSCDX : il s’agit de la Night Rod Special à refroidissement liquide. Le XL annonce la série Sportster, plus légère. La série Dyna devient FXD, reconnaissable à ses deux entretoises arrière. La série Softail, elle, s’affiche sous le code FLST, sans entretoises visibles. Enfin, les modèles les plus imposants répondent au nom de FLH. Et pour couronner le tout, chaque famille se subdivise, ajoutant au casse-tête.
Honda
Chez Honda, la plupart des modèles partagent au moins deux lettres : CB. Cette abréviation, héritée des années 50, signifie « city bike ». Si la puissance a évolué, l’acronyme, lui, est resté. Aujourd’hui encore, les best-sellers Honda affichent fièrement le CB. Lorsqu’il s’agit de CBR, la notion de « city bike road » s’impose, autrement dit une routière urbaine, du moins, à l’origine.
Décryptons les autres codes : deux fois la lettre R dans le nom, c’est l’assurance d’une machine taillée pour la course, comme la CBR 1000RR. Un V ? Il s’agit d’un moteur en V. Un F fait référence au quatre cylindres. Exemple parlant : la VFR incarne une routière à moteur V4. Si le nom comporte un T, il s’agit généralement d’un bicylindre en V, comme la VTR 1000. Enfin, chez Honda, un X dans la dénomination est le signe d’un modèle enduro.
Kawasaki
Les codes Kawasaki, inspirés du fondateur Shozo Kawasaki, peuvent aussi prêter à confusion. Autrefois, GP désignait les modèles sportifs, pour « Grand Prix ». Aujourd’hui, la gamme ZX a pris le relais. Un exemple concret : la Kawasaki GPZ 600R réunissait « GP » pour la course, « Z » pour le moteur quatre cylindres, et « R » pour la dimension racing. Les modèles Z1000 restent fidèles au quatre cylindres, même si la lettre Z ne le précise plus explicitement.
La série ZX incarne désormais le haut de gamme sportif. Les ZX-6R, ZX-7R, ZX-9R ou ZX-10R, baptisés « Ninja », en sont les porte-étendards. Quand le nom comporte ER, la machine vise moins la performance pure. Si le R précède le tiret, il s’agit d’une routière sportive. Chez Kawasaki, la mention HE renvoie à « essential riding », autrement dit l’essentiel pour se faire plaisir au guidon.
KTM
Avec KTM, la logique est plus directe. La marque, qui tire son nom de Kronreif et Trunkenpolz, mise sur la clarté. Le modèle phare s’appelle LC4 : « liquid cooled » pour le refroidissement liquide, « 4 » pour le moteur quatre temps. On obtient donc une moto à quatre temps refroidie par eau. La LC8, quant à elle, n’a rien d’un « huit temps » : en réalité, il s’agit d’un double LC4, soit un bicylindre monté en V. Une astuce marketing à l’allemande.
Suzuki
Du côté de Suzuki, fondée par Michio Suzuki, certains sigles sont devenus emblématiques. La lettre G désigne une routière, le S indique un moteur quatre temps, le X signale la présence de quatre soupapes par cylindre. Quand un R s’ajoute, la vocation sportive est évidente. Une GSX-R, par exemple, combine toutes ces caractéristiques : une routière sportive à seize soupapes. Cependant, la lettre X n’apparaît pas toujours : la GSF, par exemple, reste un quatre cylindres à seize soupapes, même sans ce détail dans le nom. Le F signifie « four », donc un moteur quatre cylindres. Dès qu’un V apparaît, on a affaire à un moteur en V, comme la SV 650.
Yamaha
Yamaha, fondée par Torakusu Yamaha, s’est illustrée autant dans la musique que dans la moto. Les références haut de gamme YZF-R1 et YZF-R6 suivent une logique précise : Y pour Yamaha, Z pour moteur quatre temps, F pour « four » (quatre cylindres), R pour la compétition. Les modèles enduro arborent toujours le sigle XT. Un XTZ 660, par exemple, correspond à un enduro (X pour Cross, T pour Terrain) à moteur quatre temps. À noter : chez Yamaha, si le R précède le trait d’union, il s’agit d’un modèle routier pur, pas d’une sportive.
Au final, derrière chaque code, il y a une histoire, une philosophie, parfois même un clin d’œil à la culture d’entreprise. La prochaine fois que vous croiserez une GSX-R ou une VFR, ce ne sera plus seulement une suite de consonnes, mais le reflet d’un héritage technique et marketing. Chez les motards, on ne lit plus les plaques, on décrypte les génomes.

